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« Mesurer les services rendus par les sols, c’est possible »

Alain Brauman est président de l’Afes (Association française pour l’étude du sol) et chercheur à l’IRD (Institut de recherche pour le développement).

Président de l’Afes (Association française pour l’étude du sol) et chercheur à l’IRD (Institut de recherche pour le développement), Alain Brauman est un des initiateurs de la méthode Biofunctool®, laquelle évalue au champ la santé des sols et ses bénéfices en termes de fertilité.

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Microbiologiste de formation, pourquoi avoir créé une nouvelle méthodologie d’évaluation des sols ?

Connaissant de plus en plus finement la diversité des organismes du sol, nous avons eu la volonté d’aller au-delà d’une vision de son abondance afin d’avoir une meilleure compréhension de ses actions.

La méthode Biofunctool® que nous avons développée prend ainsi en compte trois fonctionnalités du sol, à savoir la dynamique du carbone, le cycle des nutriments et la structure. Afin de ne pas complexifier l’outil, nous n’avons pas intégré les ravageurs car ils sont spécifiques à chaque culture.

De la stabilité des agrégats à l’extraction de l’azote minéral, en passant par l’émission microbienne de CO2, chacun des huit indicateurs est relié à une fonction.

Après une agrégation par analyse statistique, un score de qualité des sols est calculé dont la valeur se situe entre 0 et 1, tout en précisant les contributions de chaque fonction au total obtenu.

Quels sont les atouts de cette solution ?

Son acceptabilité repose en premier lieu sur sa rapidité puisque la majorité des indicateurs peuvent être obtenus en une journée. De plus, la plupart des mesures sont réalisées sur le terrain. Les résultats sont directement observables par les agriculteurs eux-mêmes. La méthode constitue de fait un outil pédagogique.

Mesurant la réalité des différentes fonctions, Biofunctool® permet de suivre l’impact des pratiques agricoles sur la santé du sol grâce au faible coût de ses mesures.

Enfin, il s’agit d’une marque et non d’un brevet afin d’être largement partageable et utilisable par des conseillers agricoles. Cette méthodologie est aussi dite « low-tech » car nous avons opté pour des outils de mesure durables, réparables et pouvant être construits par les utilisateurs. Nous organisons à leur intention une formation de trois jours chaque année.

Ces atouts ont d’ailleurs motivé son adoption par les instituts techniques et les structures de conseil, des bureaux d’études et des ONG. Ainsi, elle est aujourd’hui utilisée dans plus de douze pays différents et appliquée à tous types de pratiques, de l’agroforesterie aux grandes cultures.

Quelles sont ses contraintes ?

Biofunctool® ne dispose pas d’un référentiel national et repose donc sur une analyse comparative. Il est nécessaire de conduire les mêmes mesures sur au moins deux parcelles pédoclimatiquement similaires et dont la conduite diffère pour interpréter les résultats.

Qu’apportera de plus l’application qui doit être lancée en 2025 ?

Depuis un ordinateur et un téléphone portable, l’application facilitera l’utilisation des outils et leur analyse dont la production de l’index de santé des sols. Cet outil devrait en outre contribuer à la constitution d’une base de données permettant la mise en place d’un référentiel.

Président de l’Afes depuis un an, vous dites vouloir que nous nous réappropriions le sol. Quelle est votre vision de cet enjeu ?

95 % de nos aliments sont produits directement et indirectement par le sol. Dans l’imaginaire collectif, il n’est qu’une surface et pourtant il s’agit bien d’un volume. L’Afes vise à rendre visible et accessible ses enjeux via par exemple la fresque du sol.

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